La phobie, cette peur excessive d’un objet ou d’une situation, peut rapidement devenir envahissante. Dans certains cas, elle parvient même à gâcher le quotidien de celui qui la ressent. Si de nombreuses techniques existent pour désensibiliser les patients, la réalité virtuelle présente des résultats parmi les plus convaincants.
En France, les spécialistes estiment que près de 10% de la population est touchée par une phobie. Vertige, aérodromophobie (peur de l’avion), claustrophobie, agoraphobie (peur de la foule), entomophobie (peur des insectes) … elles peuvent être diverses et à intensité variable.Lorsque ces peurs commencent à se manifester, les individus cherchent par tous les moyens à les esquiver dans leur vie de tous les jours.
Néanmoins, difficile d’y échapper sur le long terme. Refuseriez-vous de partir en voyage d’affaires par peur de l’avion ? Préféreriez-vous choisir les escaliers plutôt que l’ascenseur d’un immeuble à 50 étages ? Ou, moins commun, comment vous rendre à la plage si vous êtes terrifiés à la vue de pieds nus ?
La phobie peut représenter un véritable frein et une source d’angoisse quotidienne, d’où la nécessité de la traiter. La thérapie vers la guérison est souvent un choix mûrement réfléchi, puisqu’elle implique auparavant de se confronter à ses peurs.
Lorsqu’elles commencent à prendre de l’ampleur, les phobies doivent toujours faire l’objet de consultation par un spécialiste. Les professionnels de la santé vont ainsi être capables d’établir un diagnostic clair en dissociant les effets rationnels ou non d’une telle peur.
Les effets des phobies se traduisent par des crises plus ou moins aiguës, ressenties en imaginant ou en s’exposant à une situation. Il existe plusieurs soins dont le but est de gérer ces angoisses. Par exemple, les thérapies comportementales cognitives qui usent souvent de relaxation, de méthodes d’affirmation de soi, ou d’autres techniques. Cependant, les résultats sont plutôt longs avec un degré de satisfaction variable.
Pour accroître l’efficacité des traitements contre les phobies, la réalité virtuelle (VR) se montre particulièrement utile. Contrairement aux cas réels, cette méthode permet de se confronter aux situations de stress tout en ayant une maîtrise sur l’environnement : par exemple, la foule ou l’avion. La VR est une solution plus douce pour apprendre à tolérer ses émotions.
En comparaison aux thérapies « classiques », la réalité virtuelle dispose d’un avantage de taille. Elle permet de s’exposer à une peur réelle dans un cadre fictif : un environnement artificiel généré par des logiciels, où le patient est libre d’interagir avec les éléments qui l’entourent. Certains dispositifs vont même jusqu’à stimuler d’autres sens en plus de la vue, grâce à des manettes, gants avec capteurs sensoriels, casque audio, diffuseur de parfum, etc. Cette dimension multisensorielle viendra renforcer la crédibilité de l’expérience.
Néanmoins, l’exposition à la peur se fait de manière progressive. Il s’agit d’un autre avantage de la réalité virtuelle : le rythme est choisi en fonction de la sensibilité du patient et de ses progrès dans la thérapie. Par exemple, un individu atteint d’ophidiophobie (peur des serpents) ne sera pas tout de suite confronté à l’animal. Tout d’abord il pourra observer des textures similaires à celle du serpent (écailles, mues…), puis des photos de l’animal, jusqu’à la dernière étape où le patient se retrouvera directement confronté au reptile. Cette méthode est généralement plus rassurante pour la personne, consciente que l’expérience peut s’arrêter de manière immédiate sur sa simple volonté.
Ces Thérapies par Exposition à la Réalité Virtuelle (TERV) vont logiquement désensibiliser le patient. La VR joue en quelque sorte une étape intermédiaire, où la situation est à la fois mieux analysée et maitrisée. Par ailleurs, le côté ludique de ce type de traitement rend l’expérience plus motivante et attractive. Son taux de réussite se situe aux alentours de 85%, ce qui témoigne de son efficacité.
Il faut généralement compter 10 à 15 séances pour constater des résultats significatifs. Plusieurs études menées sur le sujet indiquent que les personnes phobiques réagissent comme lors de situations réelles, malgré la conscience d’une « mise en scène ». Les IRM révèlent d’ailleurs que l’activité du cerveau est identique. Les mécanismes cérébraux sont dupés, c’est pourquoi la VR présente une si grande efficacité dans son traitement et ses résultats.
Si l’utilisation de la VR n’est que récente pour traiter les phobies, cela fait pourtant plusieurs décennies que les procédés immersifs sont utilisés. Le premier essai est réalisé dans les années 90 à l’aide d’un casque vidéo. Les résultats sont intéressants, malgré une qualité de visionnage très moyenne. La pratique a dû attendre plus d’une quinzaine d’années avant de se développer, en raison de casques trop rares, coûteux et nécessitant beaucoup d’infrastructures.
Grâce à l’évolution technologique, les techniques d’immersion virtuelle ont progressé jusqu’aux outils que nous connaissons aujourd’hui : les casques Oculus ou HTC Vive pour ne citer qu’eux. Cet usage implique une grande concentration de données pour façonner un univers entier et en mouvement. Pour parvenir à de tels résultats, une connexion internet puissante est requise afin de supporter les flux d’informations. Plus celle-ci délivrera un débit élevé, plus l’expérience sera intense. La fibre optique est alors indispensable à la fluidité des systèmes et des casques virtuels.
Le déploiement du Très Haut Débit partout en France a lui aussi participé à la démocratisation de la VR. Surtout sollicitée dans le secteur du jeu vidéo, elle s’est rapidement montrée utile pour d’autres usages, comme la santé.
À Toulon, la start-up C2Care développe de logiciels thérapeutiques en réalité virtuelle. Elle travaille régulièrement avec les professionnels de la santé pour mettre au point des outils adaptés aux patients et à leur phobie. Cette synergie de savoirs est essentielle pour faire progresser la recherche, proposer des outils efficaces et les démocratiser auprès des médecins.
Alors qu’ils n’étaient que quatre centres à expérimenter la thérapie par exposition à la réalité virtuelle en 2017, de nombreux praticiens proposent aujourd’hui cette pratique dans leur cabinet. Ce type de thérapie gagne en popularité à la fois grâce à la fibre, aux nouveaux outils, mais aussi grâce aux salons professionnels. Le salon Virtuality met régulièrement en avant les innovations immersives dans le domaine de la santé.
L’avenir de la réalité virtuelle dépasse de loin l’univers du jeu vidéo ! Elle occupe désormais une place de choix aux côtés du personnel de santé, notamment pour le traitement des phobies. Les patients peuvent se confronter à leur peur de manière progressive dans un cadre sécurisé. Accompagnés par les psychiatres, les psychologues ou les thérapeutes, ceux-ci vont pouvoir se désensibiliser de ces angoisses par une totale immersion dans un environnement virtuel personnalisé.
On constate également une forte demande de ce type de thérapies de la part des individus phobiques. Si cette technique continue de se répandre dans le monde médical, c’est notamment grâce aux nouveaux outils de VR ainsi qu’aux infrastructures fibre optique, nécessaires au fonctionnement des machines.
Charlotte B.