Chaque jour, nous sommes des milliards à utiliser internet. Nos mails, photos et autres données voyagent grâce au réseau de communication mondial, majoritairement composé de fibre optique. Si chaque continent est désormais doté d’infrastructures permettant de surfer sur le web, de nombreuses disparités subsistent d’un pays à un autre.
En raison de la crise sanitaire, le trafic internet a littéralement explosé en 2020. La généralisation du télétravail, la croissance du e-commerce ainsi que la hausse du divertissement en ligne ont entraîné une utilisation beaucoup plus accrue du réseau.
Si les opérateurs assurent que nous ne connaîtrons pas de blackout, il est pourtant nécessaire d’améliorer ou de bâtir de nouvelles infrastructures afin de supporter les usages numériques d’aujourd’hui et de demain. De ce fait, la fibre optique est la technologie principalement utilisée pour étendre mondialement l’accès à un bon débit internet, mais peut-on pour autant parler d’une répartition égale sur tout le globe ?
Aujourd’hui, internet est accessible depuis la majorité des endroits dans le monde. On estime que 60% de la population est connectée, soit 4,5 milliards d’internautes. Néanmoins, on observe une répartition assez inégale de la couverture réseau au sein des continents.
Source : Union internationale des télécommunications (UIT)
D’après les chiffres de l’Union Internationale des Télécommunications en 2019, l’Europe serait ainsi la zone la mieux desservie avec 86% des foyers ayant accès à internet. Elle est suivie de près par l’Amérique du Nord, l’Asie orientale et l’Amérique du Sud. L’Afrique serait le continent le plus en retard avec un taux de couverture internet de 18%.
Concernant la vitesse de connexion, Taïwan se place en tête avec un débit moyen de 85 Mb/s (mégabits par seconde). Il est suivi par d’autres pays d’Asie, à savoir Singapour, le Japon ou la Corée du Sud. En revanche, le Yémen et l’Algérie se situent en bas du classement avec des débits inférieurs à 4 Mb/s. La France, elle, se place à la 23e position mondiale avec un débit 30 Mb/s.
A titre comparatif, un Taïwanais pourrait télécharger un film de 1Go en 1min et 36s, alors qu’il faudrait 6h et 8min à un Yéménite. Une énorme différence qui influence directement la compétitivité économique des états. Alors comment expliquer de telles inégalités de couverture et de débit internet ?
Il existe plusieurs facteurs d’influence dont :
La fibre optique se trouve être le meilleur équipement disponible. Aussi fin qu’un cheveu, ce fil de verre peut transporter une grande quantité de données grâce à des impulsions lumineuses.
Ainsi, il est capable d’acheminer rapidement un volume d’informations plus élevé (bande passante) que le cuivre. Plus la bande passante est importante, plus les données circulent vite. Par exemple, les câbles sous-marins chargés d’établir une connexion internet internationale sont en fibre optique afin de favoriser l’instantanéité de l’information d’un continent à un autre. C’est le cas du câble transatlantique posé en janvier dernier par Orange, Facebook et Vodaphone, qui doit assurer les communications entre les Etats-Unis, La France et l’Angleterre.
Néanmoins, tous les pays ne sont pas encore équipés de cette infrastructure, ce qui explique de telles différences de débit.
Du coté des fournisseurs d’accès internet, la majorité des états intègrent plusieurs opérateurs. Il existe un lien de corrélation entre qualité de connexion et fournisseurs d’accès internet : plus les opérateurs sont petits et peu nombreux, moins la couverture débit est bonne. En effet, le déploiement d’un réseau demande beaucoup d’investissements. En ce sens, il n’est pas rare que les états soient actionnaires ou possèdent leur propre opérateur pour équiper le territoire et développer une offre d’abonnement.
C’est par exemple le cas de la Chine, qui est actionnaire à 73% de China Mobile, le plus gros fournisseur d’accès internet au monde en termes de clients (943 millions d’abonnés en novembre 2020).
Moins courante, la censure est le dernier facteur à entrer en compte dans la qualité de la connexion internet. Le contrôle permanent induit un temps de chargement plus long et donc un ralentissement du chargement des données, peu importe les équipements dont dispose le pays. La Corée du Nord arrive en tête des territoires où la censure est la plus appliquée, avec seulement 4% de la population ayant accès à internet. D’autres pays comme le Turkménistan n’autorisent qu’un seul fournisseur d’accès à internet afin de bloquer l’accès à certains sites. Très largement minoritaire, ce phénomène de réseau isolé au sein d’un état s’appelle « balkanisation ».
Dans la majorité des cas, les pays adeptes du libéralisme économique ont intérêt à ne pas brider l’accès au web. En faisant d’internet un espace libre et sans frontière, ces sociétés favorisent le commerce international, et donc un gain marchand.
L’Europe tire son épingle du jeu ! Elle est à la fois le continent pourvu du meilleur débit moyen, mais aussi celui qui comptabilise le moins d’inégalités. Aussi, l’accès à internet varie de 75% pour la Bulgarie à 98% pour les Pays-Bas.
Malgré une différence de 23 points entre ces deux états, le taux de couverture a largement été amélioré sur l’ensemble du territoire ces dix dernières années. Rappelons qu’en 2008, moins d’un ménage sur deux avait accès au web en Roumanie, Pologne, République Tchèque ou encore en Hongrie.
Aujourd’hui, l’Europe de l’Est présente toujours du retard par rapport à la moyenne, même si la route vers le Très Haut Débit est engagée ! Concernant les pays les mieux connectés, ils se situent au nord de l’Europe. 96% des foyers ont accès à internet en Suède, et 98% au Pays-Bas. À l’Ouest et en Europe centrale, le bilan est plus nuancé.
L’Espagne a été la première à avoir déployé la fibre sur son territoire, ce qui lui vaut un débit moyen plus rapide (36 Mb/s) que celui des pays voisins. En 2019, elle arrive à la seconde place de l’étude du FTTH Council Europe (hors Russie), qui recense les pays ayant déployé le plus de lignes fibre jusqu’à l’abonné.
Source : FTTH Council Europe
C’est l’opérateur Telefónica qui s’est, en partie, chargé du déploiement. En 2019, le groupe prévoyait d’atteindre 25 millions de foyers fibrés d’ici 2020. Pari presque tenu pour l’opérateur historique, avec 23,6 millions de prises réalisées.
Tout juste après, l’Ukraine, l’Italie et la Roumanie tiennent la cadence en se plaçant de la 3e à la 5e position, la dernière ayant donc considérablement évolué depuis 2008.
Ne reste que le numéro un pour compléter ce top 5 ! Alors que beaucoup l’imaginent à la traine, c’est bien la France qui a déployé le plus de lignes FTTH en 2020 ! Avec plus de 5 millions de prises réalisées l’an dernier, l’hexagone lutte activement contre les inégalités d’accès à internet. Comment ? Grâce au Plan France Très Haut Débit (TDH) lancé en 2013 par l’État et les collectivités territoriales.
Les grandes agglomérations disposent pour la plupart d’un bon débit en raison d’opérateurs (Orange, SFR, Bouygues, et Free) ayant manifesté un intérêt commercial pour déployer la fibre. Le lancement du plan France TDH a donc pour objectif de gommer les inégalités en installant la technologie optique dans les zones rurales. Pour cela, les pouvoirs publics ont élaboré un maillage du territoire où les zones les moins bien desservies sont prioritaires. Les nombreux Réseaux d’Initiative Publique (RIP) créés à cet effet se chargent ensuite de déployer et de louer le réseau aux fournisseurs d’accès internet.
De part cette initiative, le taux de pénétration du territoire sera de l’ordre de 92% en 2026, soit le plus fort d’Europe d’après une étude de l’IDATE (l’Institut de l’audiovisuel et des télécommunications en Europe).
En ce sens, la France fait partie des pays européens disposant d’une connexion internet parmi les plus performantes. En 2019, elle figurait à la 22e place du classement mondial des meilleurs débits. Grâce au déploiement, la qualité du débit national a, par exemple, augmenté de 25% de 2018 à 2019 avec l’acquisition de nouveaux abonnés fibre optique.
Si aujourd’hui l’usage d’internet est reconnu et estimé mondialement, son accès reste assez inégal sur l’ensemble du globe. Les pays occidentaux et d’Asie de l’Ouest sont pourvus du meilleur taux de couverture, alors que les états d’Afrique ou de la péninsule indienne restent en retrait.
L’Europe tire son épingle du jeu avec une répartition plutôt égalitaire grâce au déploiement massif de la fibre sur tout le territoire. La pluralité d’opérateurs ainsi que l’absence de contrôle gouvernemental viennent également faciliter l’accès à internet.
En France, plus d’un foyer sur deux a déjà la possibilité de se raccorder à la fibre optique. Ce résultat fait d’elle le pays avec le plus de lignes fibre en 2020 et l’érige meilleur réseau d’Europe de l’Ouest, juste derrière l’Espagne. Facteur de développement, l’accès au numérique est un enjeu essentiel à l’attractivité du pays et à sa compétitivité économique. Du coté des particuliers, le digital rend possible de nouveaux usages (santé, éducation, etc) qui facilitent le quotidien de tous les Français.
Charlotte B.